La vie me niaise

Aujourd’hui, on dirait que la vie me niaise. On dirait qu’elle m’a fait un finger dans ma face.

J’étais en retard de 5 jours. Et je suis tellement désillusionnée de ces temps-ci qu’au lieu d’attendre que mes règles ne viennent pas, j’attendais qu’elles viennent. Vous me suivez? J’étais certaine d’être menstruée d’un moment à l’autre. Puis au moment où j’ai pensé que ça pourrait finalement que je sois enceinte, que je fasse renaître l’espoir en moi, que j’aille me procurer un test de grossesse à la pharmacie par un soir de grand froid… Et bien le lendemain matin, à peine 8 heures plus tard, je suis menstruée. Dans les dents.

Je peux tu vous dire que le 2 heures d’espoir que je me suis allouée, je l’ai en travers de la gorge à matin.

Je porte à gauche

Je viens d’apprendre qu’une copine en Estrie est maintenant l’heureuse maman de « Diego-la-bine-mexicaine » ce qui fera d’elle une fabuleuse pinata dans quelques mois! 😀

Ça m’a rappelé que j’avais oublié de vous écrire quelque chose. Car oui, je suis lue. Peu lue, mais assez pour que je prenne soin de donner des nouvelles aux gens qui suivent mes aventures de procréation.

Je suis allée chez l’ostéopathe la semaine passée (oui, encore elle) et j’ai découvert quelque chose de très intéressant. Lors d’un traitement par voies internes (oui, ça implique des gants de plastique et du lubrifiant) j’ai appris que mon col de l’utérus était complètement à gauche, presque collé sur ma paroi vaginale. Incroyable, non? Enfin, peut-être une raison pour laquelle les fabuleux spermatozoïdes de Jonathan ne trouvent pas le chemin vers mes tout aussi fabuleuses ovules.

Jai pensé vous mettre une image pour vous aider à visualiser...

J'ai pensé vous mettre une image pour vous aider à visualiser...

Et là, apprenant que « je porte à gauche » plein de pensées un peu nounounes me sont passées par la tête dont « ah, ça me ressemble ça, être à gauche » et « pourtant, je ne suis pas gauche ». Pour finalement me ressaisir, remarquer que j’avais toujours quelqu’un qui me tâtait le col et me dire « viarge, Jonathan pourrait au moins aller passer un test pour son sperme en signe de solidarité ». Chose qu’il m’a promise. À suivre.

Je n’ai aucune idée encore si ça été causé par quelque chose ou si j’ai toujours été de même, quoi qu’il en soit, je vais régler ça lors de prochains traitements en ostéo. Je vais aussi voir une acupunctrice dans deux semaines. Ça a l’air que la combinaison du tripotage de structure et des aiguilles donne d’excellents résultats.

Je suis donc un peu encouragée dans tout ce processus. Y’a peut-être une raison pour laquelle c’est plus difficile et on peut y remédier. Ne pas avoir de raison pour lesquelles ça ne fonctionne pas, c’est pas évident à vivre du tout. Imaginez, vous êtes top shape, mais ça ne marche toujours pas après plusieurs années et plusieurs tests qui révèlent que rien ne cloche. Frustrant.

Mais bon, je vais sûrement éviter cela. Et je vais me coucher sur le flanc gauche la prochaine fois qu’on tentera de me fertiliser…

Update

Pis? Avez-vous été capable de lire mon dernier billet jusqu’au bout? Il était vraiment à l’image de mon séjour à l’hôpital: interminable. La prochaine fois, je vous ferai une série en épisodes pour faire durer le suspense.

Ma convalescence se déroule très bien. J’ai été très tranquille mercredi et j’ai repris mes activités régulières (ou presque) jeudi et vendredi. J’ai eu mal au ventre 2 fois et j’ai très peu de saignements. Je m’en remets assez bien je pense.

Avec les Moquettes, nous avons la chance d’avoir notre blogue sur le site de Voir.ca. Nous écrivons chacune un billet par semaine. Ma journée à moi, c’est le jeudi. Je voulais écrire sur ma fausse couche, je ne voyais pas de quoi d’autre je pouvais parler, tous les autres sujets me paraissaient futiles. Mais comment en parler? J’ai réussi à faire de quoi de pas pire je pense. Pas trop personnel ennuyant. Je vous laisse juger, allez lire et vous me laisserez vos commentaires. J’ai bien hâte de voir quel genre de commentaires je vais avoir…

La patiente

Tout d’abord, merci à vous tous pour vos messages d’amour et de support. C’est très généreux de votre part et je prends le tout en me disant que je suis extrêmement privilégiée d’avoir un entourage aussi merveilleux. Vos encouragements m’ont aidé à passer au travers de cette épreuve qui n’en finissait plus de finir…

Je suis arrivée à l’hôpital du Sacré-Coeur lundi matin avec ma maman. À 8h15, j’étais à l’urgence pour m’inscrire dans le processus qui me ferait voir un gynécologue et pour ensuite avoir mon curretage. Vers 13h, j’avais eu le temps de voir tout le monde qui attendait sur une chaise entrer dans une salle d’examen. À boutte, j’ai appelé à ma clinique, où ma médecin de famille pratique. La secrétaire me confirme que c’est la seule façon d’avoir les soins: s’inscrire à l’urgence et attendre qu’un gynécologue se libère. Sinon, on peut faire le curretage en clinique privée et ça coûte 300$.

Vers 14h30, ça fait 6 heures qu’on se les gèle dans la salle d’attente sur-climatisée, mon nom est enfin appelé. J’entre dans la salle d’examen, l’infirmière s’excuse: « J’ai pris le mauvais dossier, ce n’est pas encore ton tour ». ARRRG! Au moins 15 minutes plus tard, je me fais appeler pour vrai et je rencontre une interne qui travaille avec la gynécologue de garde. Elle me pose toutes les questions, me fait un examen gynécologique rapide et me dit qu’elle transmettra toutes les infos à Dre Gagnon.

J’attends encore une heure après Dre Gagnon. Une chance, quand je la rencontre dans la salle d’examen, je la trouve très gentille et elle me mets en confiance. Je suis un peu plus près de mon curretage: je me mets en jaquette bleue, on me fait une prise de sang, on me pose une intraveineuse et on m’amène une civière. J’attends dans le corridor, dans ma civière, de me faire monter à l’étage de gynécologie. Ma mère en profite pour aller manger. Moi je suis à jeun depuis dimanche soir, il faut avoir l’estomac vide pour l’intervention. Ça fait 20 heures que j’ai pas mangé.

Pendant que ma maman est partie à « L’Oasis », on me monte au 2e étage. Les deux étudiantes en soins infirmiers qui s’occupent de moi ont la délicatesse de me mettre dans une chambre privée. Sinon, j’aurais été coloc avec une nouvelle maman… C’est le même département. J’en profite pour dormir un peu. Ma maman me retrouve vers 17h30 après m’avoir cherché dans les dédales de l’hôpital. J’ai beaucoup aimé la présence de ma maman toute la journée. On a eu beaucoup de plaisir ensemble à rigoler, à jaser, à faire des Sudokus, à essayer de deviner « quelle langue ils parlent eux ». On a aussi joué à un jeu, c’est « nomme le plus de mots qui commencent par la lettre… ». Dans la chambre d’hôpital, on a sorti tous les mots en B qu’on connaissait. Devant cet effort intellectuel intense, je me suis endormie à « belvédère ».

Pendant ma sieste, Jonathan est arrivé avec mon père et ma soeur. Ils sont venus jaser avec moi et me réconforter. On s’organise pour le retour à la maison après l’opération que je souhaite avoir en soirée. Ma mère reste donc avec moi le temps que Jonathan, Nadine et Claude vont manger. Pendant qu’ils se régalent d’un savoureux club sandwich chez Paul et Suzanne (je suis toujours à jeûn), la nouvelle arrive par l’infirmière: la chirurgie est annulée, c’est reporté à demain matin.

Là, je suis vraiment à boutte de tout: d’attendre, du système de santé pas bon, d’avoir faim, de repousser tout le temps le moment où je vais en finir avec cette aventure… Je pleure de rage et de déception en mangeant des toasts. Je vais passer la nuit à l’hôpital.

Ma mère est remerciée de ses bons services et envoyée chez elle après 14 heures d’attente en ma compagnie. Mon père et ma soeur vont me chercher un club sandwich pour me bourrer un peu. Ensuite, ils vont chez moi chercher mes lunettes et les brosses à dents. Jonathan va passer la nuit avec moi à l’hôpital. Nouvelle job ou pas, il restera. Lundi, c’était la première journée de Jon à son nouvel emploi.

Je me suis effondrée de fatigue dans mon lit. Jonathan a essayé tant bien que mal de dormir sur 3 chaises alignées. Il m’aime cet homme. Pour vrai.

Le lendemain vers 7 heures, Jonathan est allé aux nouvelles: on ne sait toujours pas si on va me passer dans l’avant-midi. Pourtant, j’étais supposée d’être sur les listes d’urgence des deux gynécologues en service. Mais mon cas n’est pas « vraiment » urgent: je n’ai pas de maux de ventre, d’hémorragie, d’intoxication… Je suis trop en santé donc j’attends. Après avoir attendu un gynécologue, j’attends qu’une salle d’opération se libère pour que le dit gynécologue me fasse mon curretage, une job d’environ 10 minutes.

L’autre gynécologue en service, celui que j’ai vu vendredi dernier d’ailleurs, le Dr Shimani, vient me voir dans ma chambre vers 9 heures. Ce sera en soirée. QUOI! Encore attendre toute la journée! C’est la vie me dit-il, habitué à ce système merdique.

Jonathan et moi nous attelons donc à passer la journée dans ma chambre bleue (et moi dans ma jaquette bleue) en faisant pas grand-chose. Les visites des infirmières entrecoupent nos parties de bonhomme pendu, de tic-tac-toe. Nous avons eu le temps de refaire notre budget. J’ai tenté de brainstormé avec Jonathan sur son jeu de table Wuxia le renard, mais c’en était trop pour ma personne encore à jeûn. J’ai flanché après 10 minutes. Nous avons aussi composé des histoires et des chansons. Voici mon hit:

Trois poches de soluté
Ça enlève toute sanité
On va aller en clinique privé
Faire enlever ce petit bébé

C’est de mauvais goût, j’avoue. Ça été inspiré de la décision que Jonathan et moi avons prise à la fin de l’après-midi: si la chirurgie devait être encore reportée au lendemain, et bien nous allions crisser notre camp de ce damné hôpital et j’allais prendre rendez-vous pour avoir le curretage en clinique privée. Nous avons appelé Nadine pour qu’elle vienne passer la soirée avec nous et qu’elle nous ramène en voiture si nous quittions ce soir. Je ne sais pas si le fait d’avoir pris une décision a influencé le cours des choses, mais vers 19 heures, une infirmière est venue me chercher pour me monter en salle d’opération. YEAH! ENFIN! J’ai croisé Nadine sur ma civière dans le corridor.

Jonathan est venu attendre avec moi avant qu’on m’admette dans la salle d’opération. Je n’avais pas mes lunettes ni mes verres de contact, c’était donc très flou et irréel comme paysage. L’anesthésiste est venu m’informer du déroulement de la chirurgie: anesthésie générale par intraveineuse, l’opération dure 10 minutes, je me réveille pendant une heure, je devrais être bonne pour retourner chez moi ce soir. Joie. Je laisse Jonathan alors qu’on m’amène dans une salle super éclairée. On m’installe des électrodes, on me plogue le médicament qui endort dans les veines, je prends trois puffs d’oxygène et ciao! Je suis partie.

Je me suis réveillée avec de vives crampes dans le bas du ventre. L’infirmière m’a plogué un anti-douleur qui n’a pas tardé à agir. J’étais bien emmitouflée dans ma civière. Je me suis réveillée tranquillement. J’étais en train de rêver que j’assistais à un concert. On m’a descendue à ma chambre où Jonathan et Nadine m’attendaient. Je suis restée en haut deux heures qu’ils m’ont dit.

J’ai donc récupéré une heure et demie dans la chambre. Je m’endormais constamment. J’étais un peu étourdie, mais je me sentais quand même bien. J’ai fait mon pipi, j’ai mangé mes toast. Nadine est partie chercher l’auto et à 23h30, j’ai quitté l’hôpital à petits pas en m’accrochant au bras de Jonathan. C’était enfin terminé.

J’ai passé presque 40 heures à l’hôpital pour une opération de 10 minutes.

Le titre vient de Jonathan. Ce ne pourrait pas être plus adéquat comme titre!

De battre mon coeur s’est arrêté

Vendredi 6 juillet, je suis allée à l’hôpital du Sacré-Coeur pour essayer d’entendre à nouveau le coeur de ma petite crevette. Dans le bureau de ma médecin, on n’a rien entendu. Je suis donc allée en échographie au début de l’après-midi. Entre temps, j’avais eu le temps de faire mes prises de sang, d’aller reconduire Jonathan pour sa dernière journée de travail chez Sidlee, d’engouffrer un énorme déjeuner et de retourner chercher Jonathan.

À l’échographie, on ne voit toujours pas le coeur battre. La médecin qui est là mesure le foetus: 2.7 cm. Elle me regarde doucement: « Il y a eu arrêt de grossesse à 8 semaines. »

Fausse couche.

Jonathan et moi avons beaucoup pleuré dans corridor de l’hôpital. C’est vraiment une triste nouvelle. On était déjà attaché à ce petit être. Après une heure, les idées étaient déjà un peu plus claires. Bien que ce ne soit pas une bonne nouvelle, ce n’est pas une mauvaise nouvelle non plus. Ce n’est que partie remise. Petit bébé n’était pas assez fort pour continuer, la vie a décidé que ce n’était pas cette fois que j’allait enfanter.

Je viens d’entrer dans les statistiques: une femme sur quatre vit la même chose que moi, c’est beaucoup quand même. La vie est plus forte que tout et elle fait ce qui est le mieux pour la suite des choses.

J’ai donc un foetus décédé dans l’abdomen depuis 3 semaines et je n’ai eu aucun symptôme… Étant donné que l’évacuation de la chose ne se fait pas par voies naturelles, je vais aller à l’hôpital demain matin pour avoir un curretage. Je suis contente d’avoir pris la fin de semaine pour absorber les émotions, repasser le film des évènements dans ma tête et jaser de tout ça avec des gens. Je suis allée dans un chalet avec la famille proche de Jonathan. Vendredi soir, je n’aurais pas été prête pour l’intervention sous anesthésie. Aujourd’hui, j’ai hâte qu’on m’enlève cette petite roche pour que je puisse passer à autre chose.

Je vais continuer d’écrire sur ce blogue, ce contretemps fait partie de l’expérience aussi!